Non les dits « RVN » n’ont pas insulté les soignants

Les réseaux sociaux se sont enflammés avec leurs cortèges de pour et de contre à la diffusion d’images d’une manifestation de mécontentement hier soir à l’aéroport Aimé Césaire, lors d’une arrivée de personnes venants de France. Le monde politique s’agite aussi devant cette aubaine de visibilité.
Une bonne fraction des participants aux divers débats semble attribuer cette manifestation, et notamment les phases violentes et insultantes à un groupe dit « RVN ».

Petite précision sur les dits « RVN »
D’abord il n’y a pas de parti politique ni de groupe de contestation organisé s’appelant RVN. Cet acronyme a été attribué abusivement à tout groupe arborant un drapeau aux couleurs Rouge, Vert, Noir contestant l’ordre établit ou l’injustice. Ces personnes partagent l’idée qu’en Martinique il y a une société injuste soutenue par un système colonial et qui nuit à l’épanouissement du peuple martiniquais.
Les manifestations contre l’injustice rassemblent souvent des martiniquais sensibles aux rapports actuels entre la France et la Martinique, cela ne constitue pas pour autant un groupe homogène, car des divergences profondes existent sur les formes que prennent certaines revendications. Les actions violentes sont souvent d’origine individuelles venant de personnes exaspérées par cette situation. Il ne s’agit pas de faire ici, ni le procès de militants anticolonialistes, ni de désavouer publiquement quiconque, mais de porter un éclairage sur l’absolue nécessité de restructurer le mouvement anticolonialiste martiniquais.

Le bien commun martiniquais
Si ce drapeau semble être de plus en plus accepté comme représentant la Martinique dans toute son acception culturelle, langagière, musicale et autre, il ne fait pas l’unanimité. Cela n’empêche qu’au-delà des dégâts de l’assimilation culturel, on se dit toujours martiniquais avant tout. Dans le cœur de beaucoup de martiniquais il y a ces trois couleurs qui sommeillent.
Compte tenu de son histoire personne ni aucun groupe ne peut en revendiquer une quelconque propriété, préséance, ou monopole. Ce n’est ni un drapeau de l’indépendance, ni de l’autonomie, ni d’un département français. Ce drapeau rouge, vert, noir appartient à tous les martiniquais. Ce drapeau rouge, vert, noir est le bien commun martiniquais.

Que s’est-il passé jeudi soir ?
Un groupe de personnes sachant les dégâts humains provoqués par la gestion désastreuse du contrôle des frontières, a souhaité manifester pacifiquement contre la poursuite de l’arrivée massive de touristes en Martinique. Certains de ces manifestants arboraient d’une manière ou d’une autre les couleurs rouge, vert, noir. Parmi les personnes descendues de l’avion, on pouvait compter aussi quelques soignants venus dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. Durant la manifestation, à aucun moment les propos de ces manifestants n’ont ciblé ces soignants. Les slogans s’adressaient à des touristes. Ces manifestants ignoraient complètement cette venue de soignants. Il s’agissait pour eux de sensibiliser ces touristes pour la plus part sans masques, sur les conséquences sanitaires de l’arrivée massive de personnes venues de France et pouvant être potentiellement vecteurs de circulation du virus.

Une situation non voulue
Un autre petit groupe se réclamant aussi « RVN » a souhaité porter autrement les revendications, en interpellant irrespectueusement les soignants puis s’en sont suivies des échauffourées avec la police. C’est cette situation non voulue par les manifestants qui a donné les malheureuses images qui circulent et qui font les choux gras des « anti RVN ».
La vérité si complexe soit elle à établir guide l’esprit de notre rédaction.
Non « RVN » n’est pas un parti ni un groupe structuré mais une appellation non contrôlée par les réseaux sociaux.
Non les dits « RVN » n ‘ont pas insulté les soignants.

Jeff Lafontaine