Vive la France

 Vive la France

Vive la France. Que de fois ai-je entendu ce slogan de la voix des ténors politiques de l’époque et encore d’aujourd’hui et surtout des envoyés de la France qui nous portaient les bonnes nouvelles de la mère patrie, bercés dans cette illusion d’une France de l’égalité si ardemment voulue, et finalement impossible à réaliser. Pour ceux-là, la France ne saurait se réduire à son hexagone, c’est une entité qui s’étale, intangible, une et indivisible, par-delà les mers et continents. Que l’on soit à Paris, à l’Ajoupa-Bouillon, à Roubaix, à Papeete, à Bastia, à Saint-Benoît de la Réunion, à Saint Laurent du Maroni, ou à Saint-Pierre et Miquelon : on est en France, et cette France est la même partout. Dès lors, si on pousse cette logique comme le font quelques-uns, l‘identique serait de mise. On pourrait tolérer de-ci de-là un semblant de variété culturelle, quelques « spécificités » identitaires qui ne suffisent pas à parler de peuples. En conséquence toute différence socio-économique serait soit un retard à rattraper, soit une distorsion à combattre sous peine de discrimination.
Pire encore. Si la géographie s’entête et rappelle les distances, on la frappera d’un coup de « continuité territoriale », et le tour sera joué. Pour ces damnés de l’égalité, la France continuerait ainsi d’être une, indivisible, imperturbable et intangible. Mais il est des générosités toxiques ! Nul ne peut s’épanouir dans le mimétisme, le transfert d’un modèle salvateur.

La santé : un nouveau critère de discrimination
Quelle tristesse, quelle blessure, que d’entendre encore aujourd’hui ces gouvernants de la France gloser dans les médias leurs dernières trouvailles coercitives pour assoir leur pouvoir, leur domination de classe. Oui de classe car plus on est pauvre moins on se vaccine. Plus on a été dominé dans l’histoire moins on se vaccine.
En fait, cette France, terre de lumières, des droits de l’homme, détentrice de l’arme nucléaire s’est réduite en piètre puissance post coloniale, incapable de relever ce défi sanitaire, impuissante devant des enjeux d’organisation pour faire face aux catastrophes qui nous menacent. Incapable de s’affranchir « du bon vieux temps des colonies » ?
Cette France trie les humains les sélectionne et décide de pratiquer l’apartheid sanitaire. Seuls ceux qui ont le pouvoir et en abuse peuvent opérer la sélection et la hiérarchisation des êtres qu’une telle ambition suppose. La loi n’est pas une question Justice mais bien une question de Pouvoir.
Quand bien même cet arbitraire se dissimulerait derrière une crise sanitaire, elle ne peut être autre chose que la farce qu’elle est en train de devenir.

Des origines ethniques au profil sanitaire
Dans ce domaine, définir des profils, c’est choisir, sélectionner et hiérarchiser.
Définir par conséquent, exclure. Exclure symboliquement physiquement, socialement, culturellement ceux qui auront l’insigne déshonneur de ne pas correspondre aux définitions que cette France aura elle-même instituées.
Il ne suffit pas dans ce schéma d’être simplement vacciné pour échapper à l’extrême violence symbolique qu’elle met en œuvre en imposant de telles définitions.

Toujours les mêmes.
On sait quels sont ceux que cette France désigne du doigt depuis plusieurs mois déjà, comme exutoire à des frustrations que cette politique sanitaire ne fait qu’accentuer.
Ce sont évidemment ceux qui occupent le bas de la hiérarchie sociale, ceux qui précisément ne seront pas en mesure de se défendre politiquement et symboliquement, car victimes d’une double domination :
– Domination liée à la mise à l’index qui se greffe sur le racisme toujours latent hérité de décennies de colonisation intensive ;
– Domination liée d’autre part à une condition économique et sociale extrêmement fragile, marquée par le chômage, la pauvreté, la précarité du travail et de l’habitat, et souvent les difficultés scolaires des jeunes qui en découlent.
Il suffit de correspondre, dans l’inconscient collectif qu’elle aura contribué à formaliser, au portrait forcément caricatural de cette France soumise !
Dès lors considérés comme « autres », comme « non-vaccinés » , ceux-là n’auront plus qu’à se taire s’ils veulent être tolérés.
– ils n’auront plus qu’à se « convertir » à cette image qu’elle nous aura imposée.
– ils n’auront plus qu’à céder, si tant est qu’ils le peuvent, à cette injonction sanitaire d’assimilation, de conformité, de mimétisme, d’uniformité.

Il faut se faire une raison
Et si cette France enfermée dans son égocentrisme pouvait être une France ouverte, diverse ?
Et si cette France pouvait être unie dans cette diversité qui la compose ?
Et si nous pouvions créer un lien de responsabilité et de solidarité de communauté de destin avec la France, et sortir du mépris, de l’infantilisation post coloniale ?
J’ai fini par comprendre avec l’histoire, que le problème n’est ni avec la gauche française ni avec la droite française mais avec la France française centralisée, bureaucratique, blanche, raciste, catholique, monoglotte.

Résister pour exister
Pour ne pas avoir, dans 10 ou 20 ans, ou 400 ans à essayer d’oublier cette triste époque, refusons individuellement et collectivement d’être, les petits soldats de plomb, les Playmobil, autrement dit les marionnettes à son carnaval.
Cette France en marche nous montre ce contre quoi, plusieurs de nos ainées se sont battus, et d’autres encore se battent dans le monde : La liberté, l’égalité, la fraternité.
C’est pour tout ça que demeure en moi, silencieuse mais vivace, une révolte contre la barbarie pas si lointaine qui a forgé mon être.
Ça je ne l’ai pas oublié ! « J’habite une blessure » disait le poète.
Renversons la table.

Jeff Lafontaine

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