Violences contre le collège de Saint Joseph: Les personnels réagissent.

 Violences contre le collège de Saint Joseph: Les personnels réagissent.

« Droit de réponse : nous, personnels éducatif, enseignant et agents du collège Belle Etoile, sommes choqués et indignés ! » Après s’être accordée le temps d’un retour au calme, la communauté éducative s’octroie un droit de réponse.

Le lundi 20 novembre 2023 : un sanctuaire a été violé !

Le lundi 20 novembre, nous subissons « impuissants » une manifestation dite « pacifique » qui dégénère et sème le chaos au cœur de l’établissement. Dès 7h10, nos cours sont perturbés par les conques de lambi, les battements de tambours, les prises de parole au mégaphone, les appels à la mobilisation et autres bruits de pétarades de moto et de coups portés sur le portail du collège. Nous entendons monter l’exaspération des manifestants qui exigent d’être reçus par la direction. Dans la loge de l’accueil, les salles de classe environnantes et les locaux de la vie scolaire, l’angoisse grandit chez les personnels et nos plus jeunes élèves. Il devient difficile, voire impossible de poursuivre toute activité.

À 9h30, le portail se retrouve au sol. Une foule en colère déferle dans l’établissement.

L’alerte intrusion est déclenchée. Les enseignants reçoivent la consigne de se confiner dans les salles de classe avec leurs élèves. Il faut alors composer avec l’excitation des uns, la panique des autres, l’incompréhension du plus grand nombre. Les enseignants doivent calmer, rassurer, apaiser les faims et les soifs, faire patienter les envies pressantes. Ils doivent réaffirmer leur autorité face à des élèves encouragés à la désobéissance par des manifestants les exhortant à quitter les salles de classe pour se rendre dans la cour.

Des personnes non identifiées, extérieures à l’établissement déambulent à la recherche de « présumés harceleurs ».

Certains personnels tentent d’engager le dialogue avec les manifestants, d’autres subissent leurs invectives et leur virulence.

Les assistants d’éducation se démènent pour rétablir le calme dans les coursives en rappelant à l’ordre des élèves qui crient, tambourinent aux portes, filment avec leur téléphone portable, tentent d’allumer le feu ou de quitter un établissement désormais « ouvert » à tous. Des familles inquiètes multiplient les appels téléphoniques pour avoir des nouvelles ou se rapprochent du personnel de vie scolaire pour récupérer leurs enfants. Quelques parents s’introduisent dans les salles de classe et repartent avec leurs enfants sans justifier de leur identité et sans signer de décharge, laissant les enseignants complètement démunis. Face au chaos ambiant, la direction, soucieuse de protéger les élèves, cède à la demande d’une réception immédiate des fauteurs de trouble.

En toute fin de matinée, après la rencontre, alors que beaucoup d’élèves se trouvent à l’extérieur de l’établissement, certains d’entre eux sont incités à servir de boucliers humains pour éviter l’interpellation d’un des manifestants.

Nous, personnels du collège de Belle Etoile, sommes sonnés, choqués, indignés !

L’École, ce sanctuaire, ce lieu de savoirs et d’apprentissages, a été violée.
En quoi ce chaos peut-il servir la cause de cette jeune élève et régler la question complexe du harcèlement ?
Nous condamnons fermement cette opération.
Nous condamnons la mise en danger des élèves et des personnels.
Nous condamnons la désinformation.
Nous condamnons ce déferlement de violence gratuite et aveugle dont nous sommes l’objet depuis la diffusion de cette vidéo. On ne peut affirmer sans connaître. On ne peut traiter sans savoir.

Une détresse entendue

C’est suite à un atelier sur l’estime de soi le 17 novembre que la parole de notre élève se libère et qu’elle évoque son harcèlement dans une vidéo diffusée sur Tiktok. Au cours de cette même soirée, l’équipe enseignante entre en contact avec la famille et l’élève : la détresse de M… est entendue et l’équipe lui apporte son soutien. Un rendez-vous est pris pour le lendemain, au collège. En effet, le samedi 18 novembre, la famille est reçue par l’équipe de direction, une C.P.E. et le professeur principal. Le personnel présent réitère son soutien. Les noms des présumés harceleurs sont pour la première fois énoncés. Des décisions sont prises. Des actions seront engagées. Elles sont communiquées au père et à la mère de M…. qui semblent repartir rassurés et satisfaits des mesures annoncées. Nous, personnels du collège Belle Etoile, réaffirmons notre volonté de continuer à soutenir M…, comme nous l’avons toujours fait en répondant à chacune de ses sollicitations depuis son entrée au collège. Depuis septembre 2023, face à des alertes récurrentes, un accompagnement plus spécifique a été mis en place pour elle, accompagnement que nous souhaitons pouvoir poursuivre avec elle et avec tous les élèves qui rencontrent des difficultés similaires.

Un collège depuis toujours engagé dans les actions de lutte contre le harcèlement.

La violence et plus particulièrement cette violence sournoise que l’on nomme « harcèlement » est aujourd’hui un phénomène sociétal qui touche tous les établissements. Depuis des années, les différentes équipes du collège aidées des fédérations de parents multiplient les actions pour l’enrayer.

Ces actions prennent des formes diverses : lettres ouvertes de la direction adressées aux parents et aux élèves, formation d’élèves médiateurs, Point Accueil Écoute jeunes, missions de prévention menées par les équipes éducatives et médico-sociales du collège, ainsi que par les partenaires extérieurs (Équipe Mobile de Sécurité du Rectorat, Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile, Protection Judiciaire de la Jeunesse, référent Gendarmerie de la commune de Saint-Joseph, Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire, des associations comme « J’m JADE »). À cela s’ajoutent les entretiens individuels, les divers ateliers (remédiation, sport, rappels de la règle, respect de la différence, gestion des émotions, estime de soi), les actions citoyennes pensées et menées par les élèves, les punitions et sanctions prévues dans le règlement intérieur lorsque la prévention et le dialogue restent sans effet… Ce sont autant de dispositifs nationaux et d’initiatives propres à notre établissement.

C’est un travail de longue haleine encadré, soutenu et initié par la précédente Principale et ses équipes qui ont impulsé et coordonné une dynamique de projets pour améliorer le vivre-ensemble dans l’établissement. Depuis septembre 2023, l’actuelle Principale poursuit le travail engagé en accompagnant les équipes dans cette même dynamique.

Nous tenons à saluer et remercier le soutien immédiat apporté par les fédérations de parents d’élèves. C’est la marque d’une approche co-éducative efficiente. Cette confiance spontanément apportée est le résultat d’une collaboration construite dans le temps qui met le souci de l’élève au centre des préoccupations.

Aujourd’hui, les stigmates de cette crise sont encore bien présents, mais nous sommes déterminés à reconstruire ce qui a été sali, souillé, piétiné et brisé !
Nous, personnels du collège Belle Etoile, réaffirmons notre volonté de continuer à accompagner, soutenir, aider, outiller tous nos élèves afin qu’ils deviennent des citoyens responsables, épanouis et avertis.
Et pour exercer au mieux nos missions, la confiance et la sérénité doivent être préservées.

Les personnels éducatif, enseignant et agents du collège Belle Etoile

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