Europe – BCE : Scénario cauchemardesque de stagflation
Faire le grand écart ou rentrer chez soi ? La BCE pourrait se retrouver dans une impasse.
Confrontée à des vents contraires et à des crises de toutes parts, la Banque centrale européenne devrait entamer aujourd’hui une phase super agressive de sa politique monétaire, en procédant à la hausse la plus importante des 24 années d’existence de l’institution. La plupart des économistes estiment qu’une augmentation de 0,75 point de pourcentage est prévue, après que la banque a relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage en juillet. Cette hausse, la première depuis plus de dix ans (et la première depuis la pandémie), a mis en évidence le retard considérable de la BCE par rapport à ses homologues.
Une vue d’ensemble : Il ne sera pas facile de rattraper le retard, la zone euro étant menacée par une grave crise économique. La monnaie commune plonge dans un contexte d’inflation galopante, qui a atteint un nouveau sommet historique de 9,1 % en août, tandis qu’une récession préjudiciable est en préparation en raison d’une crise énergétique. Les choses ne s’arrangent pas, car la Russie menace de couper toutes les livraisons de gaz à l' »Occident collectif » en prévision de ce qui pourrait être un hiver rigoureux, et de riposter si le G7 impose un plafonnement des prix du pétrole russe.
« À Jackson Hole, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a reconnu l’existence d’un compromis entre la maîtrise de l’inflation et le maintien de la croissance », a noté Jean Boivin, du BlackRock Investment Institute. « Pourtant, elle a insisté sur une approche de ‘contrôle robuste’ de la politique monétaire, axée sur la réduction de l’inflation à n’importe quel prix. »
Bulle de réflexion : Nombreux sont ceux qui se demandent si la BCE peut même rattraper son retard, ou si elle est prise dans un cercle vicieux. Relever les taux pour éviter une inflation persistante, puis constater que les prix de l’énergie maintiennent les coûts élevés et pèsent sur la production économique. Dans cette situation, l’inflation peut ne pas diminuer, ou du moins prendre beaucoup de temps pour diminuer, risquant un scénario cauchemardesque de stagflation. La BCE annoncera sa décision politique et ses projections de croissance à 8h15 ET, suivie de la conférence de presse de la présidente Christine Lagarde une demi-heure plus tard.