La Martinique peut elle accueillir des migrants ?

 La Martinique peut elle accueillir des migrants ?

Si l’on considère que la décroissance démographique représente une menace pour la Martinique, il est crucial de prendre des mesures. L’idée d’un retour des jeunes Martiniquais exilés en France est une illusion entretenue par la classe politique, qui exploite les liens familiaux en déclarant « ce sont nos enfants »,..etc, mais toutes ces tentatives n’ont suscité que peu d’enthousiasme et semblent condamnées à l’échec.

Des initiatives telles que la Migration Retour en 2012, Alé Viré en Cours, le financement de la procréation, ou la Maison du Retour n’ont pas réussi à inverser cette tendance à la décroissance démographique et ont surtout servi de pions dans le jeu politique. De nombreux jeunes ne prévoient pas de revenir, certains l’affirment publiquement, tandis que d’autres ont déjà trouvé leur place ailleurs. De plus, que pouvons-nous réellement leur offrir s’ils reviennent ? Les rares jeunes qui décident de revenir sont souvent fortement influencés par les acteurs économiques dominants, maintenus pour préserver le statu quo du système économique actuel.

Dans les couloirs ministériels, une alternative semble germer : accueillir des migrants en Martinique. Certains prônent l’accueil de ressortissants d’Haïti, tandis que d’autres évoquent la tragédie de la migration vécue par le peuple africain. Pourquoi pas ?

Peut-être vaudrait-il mieux envisager un avenir avec des personnes partageant notre histoire, notre culture et notre lutte. Cela nous permettrait de nous éloigner de cette colonisation brutale qui entrave notre relation avec le peuple français et entrave tout développement futur.

Cependant, il est important de prendre en compte le doute qui subsiste.

L’ostracisation des peuples caribéens installés en Martinique montre jusqu’où pourrait aller l’acceptation de l’accueil de migrants. Le prochain voyage en Martinique du ministre de l’Intérieur, à l’invitation du maire de Fort-de-France et du président du conseil exécutif de l’assemblée de Martinique, doit être surveillé de près. Une solution imposée, à l’image de ce qui s’est passé en Guyane sous Olivier Stirn, alors ministre des colonies, serait désastreuse. Évitons de répéter l’erreur du « stirnisme, » comme Aimé Césaire l’avait dénoncé à l’époque.

À mon avis, la décroissance démographique peut être une opportunité.

A l’instar de la Corse, qui possède un territoire deux fois plus grand que la Martinique et une population deux fois moindre. Pour y parvenir, il est nécessaire de rompre avec le modèle de développement capitaliste keynésien, axé sur une croissance économique perpétuelle, au détriment de l’épanouissement des peuples, en ne considérant que la taille du marché et donc le nombre de territoires et de consommateurs.

La baisse tendancielle du taux de profit
Ce concept tiré des écrits marxistes, explique en partie les interventions militaires américaines dans les pays arabes sous prétexte de lutte contre le terrorisme, ainsi que les nouvelles entreprises coloniales de l’Europe, en particulier de la France, en Afrique subsaharienne, visant à conquérir de nouveaux marchés pour produire toujours plus.

Il s’agit d’une question complexe qui doit être abordée avec sensibilité. La Martinique doit se préparer à relever ces défis.

Jeff Lafontaine

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