« Le pavillon des cancéreux »

 « Le pavillon des cancéreux »

Le « pavillon des cancéreux » de l’hôpital Clarac, un lieu sombre, inhospitalier, sordide, abandonné, où l’on vient lutter contre la mort.

La mort qui tue.

Celle qui lentement chaque jour vous enlève quelque chose.

Aujourd’hui le sourire, demain l’appétit, puis encore et encore, abime le corps jusqu’à tout emporter.

Saw ka fè pou sa ?

C’est là qu’un personnel soignant dévoué, en sous-effectif chronique, tente de rendre plus vivable cette ambiance morbide.

Monté klarak fè dé o twa selfi osi.

Comment rester impassible devant ce personnel en souffrance, ces patients assis en file, attendant leur tour pour recevoir la potion magique, qui donne simultanément l’illusion et l’espoir d’échapper à son sort ?

Où wey, ou pa wey.

Parfois, le liquide miracle n’arrive pas, car bloqué dans les embouteillages, d’après le médecin. L’infirmière, impuissante, prend le relais pour expliquer qu’il faut revenir la semaine prochaine parce que le médecin est seul aujourd’hui, au lieu de quatre habituellement. Et pourtant les patients sont de plus en plus nombreux.

Mi sé la pou fè lestonmak. Oktob woz ka vini, poté mannèv

C’est là qu’il faut planter le drapeau martiniquais et braver le chef de la colonie.

C’est là qu’il faut écrire des slogans de soutien en créole tels « nou la épi zot ».

C’est là qu’il faut mettre de l’énergie pour effacer cette image d’abandon, installer des chaises pour les familles et les accompagnants, réparer le toit pour se protéger de la pluie.

C’est là qu’il faut donner de la vie au lieu pour donner envie de vivre, de s’accrocher, de lutter, de sourire et toiser « Bazile».

C’est une urgence vitale que de s’occuper des êtres humains quand on sait les dégâts à venir avec cet empoisonnement massif à la chlordécone.

Certes, cela relève des compétences régaliennes de l’État me direz-vous dans votre langage de prêt à penser colonial !

Et alors ?

Nou pa ka ba mannikou véyé poul

Voilà un chantier de responsabilisation pour contester à l’état ses prérogatives de prise en charge de la santé des Martiniquais. D’autant que les Martiniquais n’ont plus confiance dans cette gouvernance française où il se dit dans un rapport, que l’état est le premier responsable de l’empoisonnement à la chlordécone.

Tout moun sé Moun

Les velléités de « mawonage sanitaire » ne doivent pas seulement se limiter aux vaccinobus, aux vaccinodromes ni à la promotion de produits médicaux non conformes et encore moins à la communication sur les millions d’euros dépensés pour le cyclotron, la peinture, la charpente et les meubles.

Kontinyé fè wol pa konprann

Nous devons prendre des initiatives sérieuses pour améliorer la prise en charge de la santé des Martiniquais, de nos aînés, et de nos enfants.

Personne ne le fera mieux que nous.

Sonjé ti pawol tala

« Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais eux-mêmes« 

Jeff Lafontaine.

2 Comments

  • Merci Monsieur LAFONTAINE de vos lumineuses interventions. Vous auriez pu rester dans votre coin couler de beaux jours , nonobstant toute la cruauté à votre égard vous donnez des plans d actions .Mais que fait la nouvelle gouvernance ??

  • Je propose que l’équipe de journalistes s’approprie  » le plan cancer  » il y en a un tous les 3 ans environ. C’est une sérieuse base de travail pour pour évaluer sa mise en application en Martinique.
    Qui est responsable de sa mise en œuvre, de son déploiement dans les différents champs?
    Il faut également informer le public sur ce document.
    Il y a des émissions télévisées sur les prises en charge du cancer, mais quand on est sur le terrain, dans les foyers quelque soit le niveau social on est choqué.
    Le syndrome du Boeing n’est pas une solution car en fin de compte on revient au pays.

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