Rapport de l’IGAS sur les crèches

 Rapport de l’IGAS sur les crèches

Le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), publié ce 11 avril, met en évidence des dysfonctionnements et des actes de maltraitance alarmants dans les crèches françaises. Après le récent scandale des EHPAD, c’est donc au tour du secteur de la petite enfance d’être mis à l’index. Comme dans les EHPAD, les dérives observées ici ou là par l’IGAS sont d’une rare gravité, même si les situations restent « disparates ». En effet, l’existence de structures “de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie” est aussi soulignée.

Dans nos sociétés dites modernes, la question de la qualité de l’accompagnement de la petite enfance, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées constitue un enjeu majeur et un indice de notre capacité à faire vraiment civilisation.

Sur le fond, le rapport de l’IGAS met l’accent sur les causes principales qui génèrent, dans certains cas, ces dysfonctionnements inadmissibles :
-le taux d’encadrement insuffisant,
-la formation des professionnels,
-les conditions de travail,
-la question bâtimentaire et l’environnement,
-le financement des structures…

Les professionnels du secteur n’ont cessé pourtant, depuis de nombreuses années, d’attirer l’attention des gouvernements successifs sur ces difficultés. Une écoute plus attentive et plus responsable de ces salarié.e.s auraient sans doute pu permettre d’éviter les errements mis en évidence par l’enquête de l’IGAS. La source de la MALTRAITANCE INSTITUTIONNELLE est d’abord dans la surdité de l’Etat.

Après ces constats, le rapport préconise 39 mesures sur la qualité de l’accueil, l’évaluation et le contrôle, le facteur éducatif, les modalités de financement des EAJE ou encore la gouvernance.

Dans cette dernière matière, il est proposé de renforcer la coordination des politiques de la CAF et de la Protection Maternelle et Infantile placée sous l’autorité de la CTM. Plus largement, l’IGAS recommande de confier aux présidents de départements (donc au président du conseil exécutif) les compétences sur l’ouverture, l’extension et la transformation de tous les EAJE ainsi que le pouvoir de prononcer des « sanctions progressives » à l’encontre de ces structures, qu’elles soient publiques ou privées. Le rôle de la CTM serait ainsi renforcé, ce qui favoriserait une plus grande cohérence des politiques concernant l’ensemble des crèches.

Certes, l’arrière-plan sociologique ne se pose pas dans les mêmes termes en France et en Martinique, mêmes si les règles normatives sont identiques. En particulier, la Martinique est confrontée à une problématique de dénatalité qui pose des défis particuliers à la profession. Nous restons aussi en but à des difficultés d’accessibilité de l’offre, avec de fortes disparités territoriales ainsi qu’à des difficultés de financement récurrentes. Par ailleurs, les rémunérations basses et figées dans ce secteur ne favorisent pas l’attractivité pour ces métiers et entraînent un appauvrissement éducatif et pédagogique.

Fort heureusement, nous sommes épargnés par les grands groupes attirés par la manne financière des crèches, à l’instar des Ehpad.

Les politiques mises en œuvre localement ont permis d’améliorer le niveau de collaboration entre la la CAF et la PMI. Même si notre vigilance doit toujours rester active, il convient de souligner que l’action de la PMI a permis un suivi régulier des crèches et un contrôle plus assidu.

La CTM ne part pas de rien. Elle dispose d’abord d’une expérience et d’un outil tel que l’Observatoire de la petite enfance qui, consolidé dans ses moyens humains notamment, serait d’une aide à la décision précieuse.

Enfin, le projet de “Schéma de l’enfance, de la jeunesse et de la famille de la Martinique-2021-2025” -qui avait été sabordé en plénière par des élu.e.s plus soucieux.ses de régler leurs comptes que de veiller aux intérêts des jeunes enfants martiniquais pourrait constituer une base solide de réflexion et contribuer à actualiser une politique des crèches et de la petite enfance plus adaptée aux contexte actuel.

Francis CAROLE
Mercredi 12 avril 2023

https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2022-062r_tome_1.pdf

Laissez nous un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

%d blogueurs aiment cette page :